Terre promise à Abraham
Saint Irénée de Lyon, Contre les hérésies, livre V, AD 180 : “De cette manière, également, la promesse faite jadis par Dieu à Abraham demeure stable. Il lui avait dit, en effet :
“Lève les yeux et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et vers le midi, vers l’orient et vers la mer: toute la terre que tu vois, je la donnerai à toi et à ta postérité à jamais Gn 13,14-15.”
Il lui avait dit encore :
“Lève-toi, parcours la terre dans sa longueur et dans sa largeur, car je te la donnerai Gn 13,17.”
Pourtant Abraham ne reçut sur terre aucun héritage, pas même un pouce de terrain Ac 7,5, mais toujours il y fut “un étranger et un hôte de passage Gn 23,4”. Et lorsque mourut Sara, sa femme, comme les Hétéens voulaient lui donner gratuitement un lieu pour l’ensevelir, il ne voulut point l’accepter, mais il acheta un tombeau pour quatre cents didrachmes d’argent à Éphron, fils de Séor, le Hétéen Gn 23,3-20. Il attendait la promesse de Dieu et ne voulait point paraître recevoir des hommes ce que Dieu avait promis de lui donner, en disant: “Je donnerai à ta postérité cette terre, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, l’Euphrate Gn 15,18”; et il lui avait énuméré les dix nations qui habitaient toute cette contrée Gn 15,19-21.
Si donc Dieu lui a promis l’héritage de la terre et s’il ne l’a pas reçu durant tout son séjour ici-bas, il faut qu’il le reçoive avec sa postérité, c’est-à-dire avec ceux qui craignent Dieu et croient en lui, lors de la résurrection des justes. Or sa postérité c’est l’Église, qui, par le Seigneur, reçoit la filiation adoptive à l’égard d’Abraham, comme le dit Jean-Baptiste :
“Car Dieu peut, à partir des pierres, susciter des fils à Abraham Mt 3,9 Lc 3,8.”
L’Apôtre aussi dit dans son épître aux Galates :
“Pour vous, frères, vous êtes, à la manière d’Isaac, les enfants de la promesse Ga 4,28.”
Il dit encore clairement, dans la même épître, que ceux qui ont cru au Christ reçoivent, par le Christ, la promesse faite à Abraham :
“C’est à Abraham que les promesses ont été faites et à sa postérité. On ne dit pas : “et à ses descendants”, au pluriel, mais au singulier: “et à sa postérité”, laquelle n’est autre que le Christ Ga 3,16.”
Et, pour confirmer tout cela, il dit encore :
“C’est ainsi qu’Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice. Reconnaissez-le donc : ceux qui sont de la foi, ce sont eux les fils d’Abraham. Or, prévoyant que Dieu justifierait les gentils par la foi, l’Écriture annonça d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : Toutes les nations seront bénies en toi. Ceux qui sont de la foi sont donc bénis avec Abraham le croyant Ga 3,6-9.”
Ainsi donc, ceux qui sont de la foi sont bénis avec Abraham le croyant, et ce sont eux les fils d’Abraham. Or Dieu a promis l’héritage de la terre à Abraham et à sa postérité. Si donc ni Abraham ni sa postérité, c’est-à-dire ceux qui sont justifiés par la foi, ne reçoivent maintenant d’héritage sur terre, ils le recevront lors de la résurrection des justes, car Dieu est véridique et stable en toutes choses. Et c’est pour ce motif que le Seigneur disait :
“Bienheureux les doux, parce qu’ils posséderont la terre en héritage Mt 5,5.” 1